Décidément, ce pays n’a pas fini
de nous surprendre et de nous dévoiler de nouvelles facettes… D’un autre côté,
vu sa superficie (similaire à celle de l’Inde, bien qu’approximativement 20
fois moins peuplé), on pouvait s'y attendre. Après la
Patagonie , à la fois sauvage et touristique, Buenos Aires,
grouillante et européenne, voilà que nous venons de découvrir 2 nouveaux
visages, totalement différents, de l’Argentine.
Première étape, la Pampa et sa « capitale
spirituelle », San Antonio de Areco. Immersion dans l’Argentine profonde,
rurale et traditionnelle, où les tumultes de la capitale laissent place à une
vie plus paisible, rythmée par le pas des chevaux et les saisons des récoltes.
La modernité semble avoir quelque peu épargné cette petite ville, dans laquelle
on fait encore ses courses dans des petits commerces qui vendent la production
locale, on roule dans des vieilles américaines bien rouillées, on accède à
Internet via le « cyber café » du coin et ses PC hors d’âge qui
marchent toujours sous windows 95 et on s’efforce de faire perdurer l’esprit
gaucho, en enfilant la tenue traditionnelle et en partageant d’énormes parrillas
le dimanche (après la messe bien sûr !). Pour nous, ni paysages
spectaculaires ni visites clinquantes, mais plutôt du bon temps passé à
savourer l’ambiance locale, un peu hors du temps, sous un ciel grisâtre
qui contribuait au charme humble de ce petit coin de Pampa !
Ensuite, nous avons mis le cap
vers le Nord-Est, pour s’enfoncer dans la Région de Missiones petite bande d’Argentine qui
se fraye un chemin entre l’Uruguay, le Paraguay et le Brésil. Ce voyage fut au
passage l’occasion de baptiser Dominique et Patrice au bus de nuit (baptême
d’ailleurs plutôt concluant, dans la mesure où aucun voisin ne s’est plaint des
quintes de toux et des ronflements de nos compagnons de route).
Après s’être équipé d’une voiture
de loc’, nous voici donc en route pour aller vadrouiller aux alentours de San
Ignacio et de notre « village vacances » confortable et quasi désert,
notre point de chute pour 3 jours. Premières impressions, la terre très rouge
et la forêt tropicale dense ne sont pas sans nous rappeler les paysages de la
région de Goa (Et ouais, maintenant on peut se permettre de dire des trucs du
genre « tu ne trouves pas que ça ressemble un peu au Sud-Ouest de Bombay,
darling ? »). Malheureusement, les similitudes avec l’Inde ne
s’arrêtent pas là, les constructions vétustes et la pauvreté manifeste de la
population guaranie viennent renforcer cette impression. Difficile de croire
que nous soyons dans le même pays que celui que nous avons arpenté ces
dernières semaines… ! Malgré cela, la région est pleine de
richesses à découvrir, notamment :
- de grands parcs nationaux, qui offrent des points de vue sublimes sur la forêt (censée abriter des toucans, qu’on finira bien par dénicher en persévérant) et sur le Rio Paraná, frontière naturelle avec le voisin paraguayen et dans lequel les piranhas présents en abondance (il paraît, on n’a pas vérifié) jouent le rôle de douaniers ;
- de nombreuses ruines de missions jésuites, construites au début du 17ème siècle, à l’atmosphère reposante et à l’ampleur impressionnante, l’activité y ayant battu son plein durant près de 2 siècles. Cette longévité peut s’expliquer par le fait que chacun y trouvait son intérêt : les guaranis trouvaient dans les missions des conditions de vie moins rudes et un moyen de se protéger des agressions espagnoles ; les jésuites, parvenaient à évangéliser en masse en mettant un peu d’eau dans leur vin de messe et en acceptant de faire cohabiter leurs pratiques religieuses aux rites traditionnels ; la couronne espagnole voyait dans ces missions, bien qu’indépendantes de son pouvoir, un moyen de garder le contrôle sur les guaranis.
Bref, beaucoup de dépaysement, on
ne s’en plaint pas. Il est maintenant temps pour nous de poursuivre notre
chemin vers le Nord, pour aller se faire éclabousser à Iguazu (et peut-être
pouvoir enfin admirer des toucans !).
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