De retour de quelques jours au
milieu de paysages lunaires, petit récit de l’aventure que nous venons de
vivre.
Les blocages de mineurs levés,
nous avons repris la route du Sud vers Tupiza. La ville étant le point de
départ privilégié pour les circuits dans le Sud Lipez (une vaste région
désertique peuplée par 5 000 âmes vivant principalement de l’élevage de
lamas, de la culture de la quinoa et du tourisme), nous arrivons dans le but de mettre à profit les
deux jours suivants pour bien souffler, se mettre à jour numériquement, laver
nos vêtements et surtout chercher nos deux futurs compagnons de route pour
remplir un 4x4 et partir explorer le Lipez (on avait déjà rencontré une famille
d’allemands dans le bus qui souhaitait se joindre à nous, mais on a décliné
poliment, on ne le sentait pas trop… même s’ils avaient l’air fort charmants
hein !).
Finalement, à peine descendus du
bus, on entre dans une agence / hôtel recommandée par notre guide, et on
s’aperçoit vite que nous n’étions pas les seuls à vouloir se lancer dans une
opération de « speed dating » : Mathilde et Matthias,
couple de picards échangeant secrètement à l’aide d’expressions du type ‘Bilip’
et ‘Bouloup’ ont repéré le sac Quechua (Quechua est aussi la seconde langue du
pays, vous imaginez un bolivien venir en vacances chez nous avec un sac de
marque « Patois normand » ?) de Maud et nous ont pris en chasse.
On discute 5 minutes, ils partagent avec nous leur point de vue sur toutes les
agences qu’ils ont déjà visité, j’imagine qu’on se renifle et qu'on se jauge mutuellement,
visiblement on se convient, et au final on décide de partir ensemble dès le
lendemain. Jolie croix sur nos projets de repos, et sur ceux de lessive aussi,
mais d’un autre côté vu qu’on s’apprête à aller passer 4 jours dans le désert,
sans douche chaude et dans un froid de canard, la coquetterie ne sera pas de
rigueur.
Le lendemain, 7h30 du mat’, on fait
la rencontre d’Hilarion, qui sera notre guide/chauffeur pendant ce périple, et
découvrons le 4x4 chargé à bloc (de quoi être totalement autonome pendant 4
jours) qui nous servira de monture. Le moteur démarre, on roule 15mn et la
portière s’ouvre ; Irma, qui cumule les fonctions de cuisinière et d’éclats de
rire ambulants, embarque à son tour. Oui, nous sommes 4, avons une voiture privative,
un guide et une cuisinière personnels, grand luxe quoi! Mais c’est la norme ici… le tout pour
environ 35€/jr/personne (ce qui reste très peu cher vu les prestations
mais qui excède notre budget bolivien de 15€/jr)! A entendre Irma euphorique sur
le siège passager, on comprend vite qu’on va avoir du mal à vraiment échanger
avec elle mais par contre qu’on va vraiment se marrer ! Et s’agissant
d’Hilarion, il est moins communicatif au premier abord, plus concentré sur la route
(enfin la piste, quand il y en a une) et surtout hyper calé sur la région qu’il
connaît sur le bout des doigts.
Par la suite, nous partons pour de
belles journées de route les yeux grands ouverts derrière le carreau,
entrecoupées de fous rires d’Irma pour des raisons souvent inconnues,
d’explications pointues d’Hilarion sur les flamands andins et les mousses
vertes dures comme de la pierre, de stops dans des endroits plus magiques les
uns que les autres (les photos parlent d’elles-mêmes je crois), de pauses
« petite réparation » du véhicule (changement de pneus ou réparation
d’une fuite dans le circuit de refroidissement à coup d’eau et de farine de
blé…), de tentatives d’approches discrètes d’autruches ou de vigognes, de
buffets déjeuners divins préparés dans le coffre du 4x4, de récits passionnés
sur la beauté de la Baie
de Somme par Mathilde et d’histoires louches de maisons de retraite par
Matthias.
Et pendant les soirées, la petite
caravane s’arrête dans des villages paumés, où nous dormons dans des dortoirs bien rudimentaires, dans lesquels les températures descendent
allègrement dans les négatifs faute de chauffage et d’isolation, ce qui nous
force à empiler les couvertures. Pour se réchauffer, on parcourt les ruelles
pour dégoter une bière, on s’incruste dans les fêtes de villages à la
bolivienne, on veille en jouant aux cartes et on reprend une double-dose des bonnes
soupes que nous prépare Irma.
Vous l’aurez compris, on revient
une nouvelle fois enchantés de cette aventure, et reprenons la route direction Sucre avec comme
objectif de se poser (un peu) et de faire notre lessive !
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