vendredi 18 mai 2012

4 jours en 4x4 à 4 (+2)

De retour de quelques jours au milieu de paysages lunaires, petit récit de l’aventure que nous venons de vivre.

Les blocages de mineurs levés, nous avons repris la route du Sud vers Tupiza. La ville étant le point de départ privilégié pour les circuits dans le Sud Lipez (une vaste région désertique peuplée par 5 000 âmes vivant principalement de l’élevage de lamas, de la culture de la quinoa et du tourisme), nous arrivons dans le but de mettre à profit les deux jours suivants pour bien souffler, se mettre à jour numériquement, laver nos vêtements et surtout chercher nos deux futurs compagnons de route pour remplir un 4x4 et partir explorer le Lipez (on avait déjà rencontré une famille d’allemands dans le bus qui souhaitait se joindre à nous, mais on a décliné poliment, on ne le sentait pas trop… même s’ils avaient l’air fort charmants hein !).
  
Finalement, à peine descendus du bus, on entre dans une agence / hôtel recommandée par notre guide, et on s’aperçoit vite que nous n’étions pas les seuls à vouloir se lancer dans une opération de « speed dating » : Mathilde et Matthias, couple de picards échangeant secrètement à l’aide d’expressions du type ‘Bilip’ et ‘Bouloup’ ont repéré le sac Quechua (Quechua est aussi la seconde langue du pays, vous imaginez un bolivien venir en vacances chez nous avec un sac de marque « Patois normand » ?) de Maud et nous ont pris en chasse. On discute 5 minutes, ils partagent avec nous leur point de vue sur toutes les agences qu’ils ont déjà visité, j’imagine qu’on se renifle et qu'on se jauge mutuellement, visiblement on se convient, et au final on décide de partir ensemble dès le lendemain. Jolie croix sur nos projets de repos, et sur ceux de lessive aussi, mais d’un autre côté vu qu’on s’apprête à aller passer 4 jours dans le désert, sans douche chaude et dans un froid de canard, la coquetterie ne sera pas de rigueur.

Le lendemain, 7h30 du mat’, on fait la rencontre d’Hilarion, qui sera notre guide/chauffeur pendant ce périple, et découvrons le 4x4 chargé à bloc (de quoi être totalement autonome pendant 4 jours) qui nous servira de monture. Le moteur démarre, on roule 15mn et la portière s’ouvre ; Irma, qui cumule les fonctions de cuisinière et d’éclats de rire ambulants, embarque à son tour. Oui, nous sommes 4, avons une voiture privative, un guide et une cuisinière personnels, grand luxe quoi! Mais c’est la norme ici… le tout pour environ 35€/jr/personne (ce qui reste très peu cher vu les prestations mais qui excède notre budget bolivien de 15€/jr)! A entendre Irma euphorique sur le siège passager, on comprend vite qu’on va avoir du mal à vraiment échanger avec elle mais par contre qu’on va vraiment se marrer ! Et s’agissant d’Hilarion, il est moins communicatif au premier abord, plus concentré sur la route (enfin la piste, quand il y en a une) et surtout hyper calé sur la région qu’il connaît sur le bout des doigts.

Par la suite, nous partons pour de belles journées de route les yeux grands ouverts derrière le carreau, entrecoupées de fous rires d’Irma pour des raisons souvent inconnues, d’explications pointues d’Hilarion sur les flamands andins et les mousses vertes dures comme de la pierre, de stops dans des endroits plus magiques les uns que les autres (les photos parlent d’elles-mêmes je crois), de pauses « petite réparation » du véhicule (changement de pneus ou réparation d’une fuite dans le circuit de refroidissement à coup d’eau et de farine de blé…), de tentatives d’approches discrètes d’autruches ou de vigognes, de buffets déjeuners divins préparés dans le coffre du 4x4, de récits passionnés sur la beauté de la Baie de Somme par Mathilde et d’histoires louches de maisons de retraite par Matthias.

Et pendant les soirées, la petite caravane s’arrête dans des villages paumés, où nous dormons dans des dortoirs bien rudimentaires, dans lesquels les températures descendent allègrement dans les négatifs faute de chauffage et d’isolation, ce qui nous force à empiler les couvertures. Pour se réchauffer, on parcourt les ruelles pour dégoter une bière, on s’incruste dans les fêtes de villages à la bolivienne, on veille en jouant aux cartes et on reprend une double-dose des bonnes soupes que nous prépare Irma.

Vous l’aurez compris, on revient une nouvelle fois enchantés de cette aventure, et reprenons la route direction Sucre avec comme objectif de se poser (un peu) et de faire notre lessive !

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