...ou comment Maud va survivre pendant 9 mois de vadrouille avec pour seul bagage un sac à dos!
mardi 29 mai 2012
lundi 28 mai 2012
dimanche 27 mai 2012
Lundi des patates...
....aussi!
Après le bœuf et le maté argentins,
nous avons découvert les patates, le poulet (satané pollo!!) et les sodas boliviens. Ces deux semaines en
Bolivie nous ont permis de faire le tour de la gastronomie locale (tout du moins
la partie économique des choses), et on frôle l’overdose.
Pour se nourrir le midi, pas
besoin de dépenser beaucoup d’argent ; 10 ou 15 bolivianos (environ 1,50
euro) suffisent pour avoir l’estomac bien rempli grâce aux stands tenus par les chollitas sur les
marchés dans les comedors proposant
des plats à choisir en soulevant les couvercles des grosses marmites, les
fast-foods proposant essentiellement du poulet frit servi avec des pâtes, du
riz et des frites ; ou les almuerzos
(déjeuners) qui proposent des menus du jour constitués de : une petite entrée
généralement composée de quelques crudités, une soupe, la meilleure étant celle
au quinoa avec des pommes de terre, un
segundo, à savoir une viande avec quelques légumes pour la déco, du riz et
des pommes de terre régulièrement frites et un dessert variant entre un fruit
ou une glace. Les plats typiques étant le saice : mélange de bœuf hâché, de
tomates, de poivrons dans une sauce légèrement pimentée, le pique lo macho : mélange de
morceaux de bœuf et de saucisses types knackis servi sur un lit de frites, la
milanaise de poulet, de bœuf ou parfois de lama (ce qui appâte les touristes, mais
le goût n’y est pas très différent) et autour du lac Titicaca la truite.
Le soir, le repas peut être
exactement le même mais est plus coûteux. Et si vous ne voulez pas remanger ce
genre de repas, les restaurants pour touristes proposent des pizzas avoisinant
les prix européens mais n’y ayant pas goûté, nous ne pouvons pas vous dire si
le rapport qualité/prix est bon.
Pour conclure, ça a été agréable,
les premiers jours, de trouver ces plats. Mais au bout de deux semaines, à
manger de la soupe midi et soir et à se gaver de féculent, j’en ai marre… Tout
est bien qui finit bien, nous avons rallié aujourd’hui le Pérou, dont il paraît
que la gastronomie est méconnue et très savoureuse... To be continued !
samedi 26 mai 2012
Sur les rives du Titicaca
Copacabana, nom qui sonne familier,
mais on ne parle pas ici des célèbres plages de Rio Janeiro, mais de la
principale ville bolivienne du Titicaca. Les 2 endroits ont pourtant en commun
d’avoir de belles plages, bordées par des eaux au bleu profond, un joli soleil,
mais ici pas de bikinis, la tenue réglementaire est plutôt le poncho et le
bonnet en poil de lamas ! Les 2 ont leur charme ceci-dit, même si on n’aurait
pas craché sur un peu plus de chaleur (surtout la nuit) d’autant plus que nous
nous trouvions à 2 pas de la Isla
del Sol, lieu où est apparu le soleil selon les Incas (et le premiers empereur
dans la foulée).
Nous voici donc sur les rives du
lac Titicaca, perchés au milieu de l’Altiplano à 3 800m d’altitude et qui
offre comme arrière plan les sommets enneigés des Andes. Décor de cartes
postales, couplé à une vie locale très tranquille bien que plus touristique que
la moyenne des villes boliviennes, mais rien de bien méchant. Pour résumer, la
rue qui descend vers le lac est bourrée de restos pour touristes, la traverser
à l’heure de l’apéro relève d’un véritable slalom entre les rabatteurs, et, une
fois n’est pas coutume, on a tenté à plusieurs reprises de nous surfacturer sur
le marché, mais la mandarine à 2 bolivianos pièce, désolé ma petite dame mais
on nous l’a fait pas !
Ces légers désagréments mis à part, les boliviens
n’ont toujours pas un sens inné du tourisme, il nous a donc été facile d’aller
nous perdre dans les alentours, à la découverte des coins un peu plus reculés
de la ville, de la grande cathédrale ou paraît-il on bénit les voitures chaque
week-end et des belles ruines incas qui subsistent dans les parages (et qui se
méritent : avec l’altitude, atteindre le sommet de petites collines qui
n’ont pourtant rien d’effrayantes est une démonstration grandeur nature de ce
qu’est la raréfaction de l’oxygène).
jeudi 24 mai 2012
Le cynisme du Lonely Planet
S’agissant des ruines incas du Chincana, sur la Isla del Sol, voilà ce qu’on
nous dit :
« A environ 150m au Sud-Est des ruines se dresse la Mesa Ceremonica , où se déroulaient
probablement des sacrifices humains ; il fait aujourd’hui un excellent
lieu de pique-nique. »
Marché aux sorcières
Morceaux de cactus permettant d’amadouer les esprits
bienveillants, mélange de poudres et de graines servant de remède contre les maux les plus fantaisistes, becs d’oiseaux séchés tenant les mauvais esprits à l’écart, fœtus
de lamas (avec ou sans poil, c’est au choix) qui garantissent la fertilité des
terres et portent chance en cas de construction d’une maison, organes d’animaux
divers et variés qui, en tant qu’offrande à Pachamama, sont censés attiser la
fortune ou encore filtres d’amours… Voilà une petite partie des
agréables produits qui composent les étals et surtout les arrière-boutiques du
marché aux sorcières de La Paz, situés au beau milieu des innombrables stands d’artisanat destinés aux touristes.
mardi 22 mai 2012
La bourgeoise et la populaire
Sucre, La Paz , les 2 principales villes
du pays (outre Santa Cruz mais on y passera pas alors...!), toutes 2 engouffrées dans de profondes vallées et semblant s’accrocher
aux parois des montagnes environnantes, et surtout 2 villes se disputent le
titre de capitale bolivienne.
En premier lieu, nous avons fait
escale à Sucre, la capitale constitutionnelle du pays et le cœur symbolique, où
Simon Bolivar, El Libertador (inutile de vous préciser que mon prénom, « Si-Mo-Ne »,
fait sourire certains locaux), à déclarer l’indépendance du pays en 1825.
Malgré qu’on soit arrivé en ville au beau milieu de la nuit (c’est bien la
première fois qu’un de nos bus à de l’avance), au premier abord, la propreté de
la ville et la beauté de ses bâtiments surprennent et donnent l’impression
d’être ailleurs. Façades lumineuses blanchies à la chaux, magnifiques monuments
et musées, rues qui invitent à flâner (ce qu’on a quasi uniquement fait là-bas
d’ailleurs), boutiques plutôt luxueuses, peu ou pas de maisons en construction
qui ne seront jamais achevées, climat presque doux… étrange ! Mais très
vite, lorsqu’on se promène dans les marchés – où l’on a notamment découvert le
plaisir des comedors avec ses grandes assiettes qui débordent pour 10 Bolivianos
– ou que l’on croise une énième manif’ dans la rue (les étudiants cette fois-ci,
après les mineurs et les médecins), on réalise qu’on est bien en Bolivie !
Une nuit de bus glaciale plus
tard, arrivée au Terminal de bus de La
Paz , qui, malgré qu’elle n’ait pas le titre de capitale, est
de loin la plus grande ville du pays et concentre les pouvoirs politiques et
économiques. La cité semble engouffrée au fond d’un trou, l’arrivée depuis la
plaine d’El Alto et la plongée au cœur du dédale d’artères qui serpentent sur
les flancs de montagnes est tout simplement impressionnante. On se demande vite
comment on va pouvoir prendre nos repères dans cet immense labyrinthe, ce qu’au
final on a relativement eu peu à faire dans la mesure où on a concentré notre (courte)
escale dans un rayon d’1 km autour de la Plaza
San Francisco. Partout, des marchés, immenses et grouillants,
dans l’un on y vend de la nourriture, dans l’autre des fleurs, puis des
souvenirs à gogo (on vient de se prendre plus de 5 kilos de rab’ sur les
épaules) pour terminer par les marché aux sorcières… L’envie de quitter un peu
les villes, le froid et la longueur de la rubrique « Mise en garde »
de notre guide de voyage (conséquence directe de nos bonnes rencontres de
Valparaiso) nous ont incité à ne pas nous éterniser ici, même si le côté
populaire de la ville semblait avoir encore pleins de charmes à partager.
vendredi 18 mai 2012
Uy'unique
Le Salar d'Uyuni, plus grand désert de sel du monde et surtout immense étendue blanche (dans laquelle il est très difficile d'estimer les distances et de se repérer)....
4 gugusses (Maud, Mathilde, Matthias et Simon) qui viennent de partager une chouette aventure et se retrouvent lâchés de bon matin dans ce lieu lunaire...
Voilà ce que ça donne...
4 jours en 4x4 à 4 (+2)
De retour de quelques jours au
milieu de paysages lunaires, petit récit de l’aventure que nous venons de
vivre.
Les blocages de mineurs levés,
nous avons repris la route du Sud vers Tupiza. La ville étant le point de
départ privilégié pour les circuits dans le Sud Lipez (une vaste région
désertique peuplée par 5 000 âmes vivant principalement de l’élevage de
lamas, de la culture de la quinoa et du tourisme), nous arrivons dans le but de mettre à profit les
deux jours suivants pour bien souffler, se mettre à jour numériquement, laver
nos vêtements et surtout chercher nos deux futurs compagnons de route pour
remplir un 4x4 et partir explorer le Lipez (on avait déjà rencontré une famille
d’allemands dans le bus qui souhaitait se joindre à nous, mais on a décliné
poliment, on ne le sentait pas trop… même s’ils avaient l’air fort charmants
hein !).
Finalement, à peine descendus du
bus, on entre dans une agence / hôtel recommandée par notre guide, et on
s’aperçoit vite que nous n’étions pas les seuls à vouloir se lancer dans une
opération de « speed dating » : Mathilde et Matthias,
couple de picards échangeant secrètement à l’aide d’expressions du type ‘Bilip’
et ‘Bouloup’ ont repéré le sac Quechua (Quechua est aussi la seconde langue du
pays, vous imaginez un bolivien venir en vacances chez nous avec un sac de
marque « Patois normand » ?) de Maud et nous ont pris en chasse.
On discute 5 minutes, ils partagent avec nous leur point de vue sur toutes les
agences qu’ils ont déjà visité, j’imagine qu’on se renifle et qu'on se jauge mutuellement,
visiblement on se convient, et au final on décide de partir ensemble dès le
lendemain. Jolie croix sur nos projets de repos, et sur ceux de lessive aussi,
mais d’un autre côté vu qu’on s’apprête à aller passer 4 jours dans le désert,
sans douche chaude et dans un froid de canard, la coquetterie ne sera pas de
rigueur.
Le lendemain, 7h30 du mat’, on fait
la rencontre d’Hilarion, qui sera notre guide/chauffeur pendant ce périple, et
découvrons le 4x4 chargé à bloc (de quoi être totalement autonome pendant 4
jours) qui nous servira de monture. Le moteur démarre, on roule 15mn et la
portière s’ouvre ; Irma, qui cumule les fonctions de cuisinière et d’éclats de
rire ambulants, embarque à son tour. Oui, nous sommes 4, avons une voiture privative,
un guide et une cuisinière personnels, grand luxe quoi! Mais c’est la norme ici… le tout pour
environ 35€/jr/personne (ce qui reste très peu cher vu les prestations
mais qui excède notre budget bolivien de 15€/jr)! A entendre Irma euphorique sur
le siège passager, on comprend vite qu’on va avoir du mal à vraiment échanger
avec elle mais par contre qu’on va vraiment se marrer ! Et s’agissant
d’Hilarion, il est moins communicatif au premier abord, plus concentré sur la route
(enfin la piste, quand il y en a une) et surtout hyper calé sur la région qu’il
connaît sur le bout des doigts.
Par la suite, nous partons pour de
belles journées de route les yeux grands ouverts derrière le carreau,
entrecoupées de fous rires d’Irma pour des raisons souvent inconnues,
d’explications pointues d’Hilarion sur les flamands andins et les mousses
vertes dures comme de la pierre, de stops dans des endroits plus magiques les
uns que les autres (les photos parlent d’elles-mêmes je crois), de pauses
« petite réparation » du véhicule (changement de pneus ou réparation
d’une fuite dans le circuit de refroidissement à coup d’eau et de farine de
blé…), de tentatives d’approches discrètes d’autruches ou de vigognes, de
buffets déjeuners divins préparés dans le coffre du 4x4, de récits passionnés
sur la beauté de la Baie
de Somme par Mathilde et d’histoires louches de maisons de retraite par
Matthias.
Et pendant les soirées, la petite
caravane s’arrête dans des villages paumés, où nous dormons dans des dortoirs bien rudimentaires, dans lesquels les températures descendent
allègrement dans les négatifs faute de chauffage et d’isolation, ce qui nous
force à empiler les couvertures. Pour se réchauffer, on parcourt les ruelles
pour dégoter une bière, on s’incruste dans les fêtes de villages à la
bolivienne, on veille en jouant aux cartes et on reprend une double-dose des bonnes
soupes que nous prépare Irma.
Vous l’aurez compris, on revient
une nouvelle fois enchantés de cette aventure, et reprenons la route direction Sucre avec comme
objectif de se poser (un peu) et de faire notre lessive !
L'astuce bolivienne
mercredi 16 mai 2012
Mine obscure
Qui dit escale à Potosi, dit passage obligé par les mines. En effet, le Cerro Rico, la montagne qui domine la ville, regorge de minerais divers et variés (principalement de l’argent) et est exploitée depuis le XVème siècle, initialement sous l’influence de l’empire espagnol. L’activité minière fut si importante et lucrative que, jusqu’au XVIIIème siècle, cette ville fut considérée comme la capitale de la couronne d’Espagne en Amérique du Sud.
Aujourd’hui encore, les mines sont au cœur de la vie de la cité, bien que les gisements soient de plus en plus limités et que les conditions de travail soient extrêmement rudes. En effet, le gouvernement ayant nationalisé cette ressource et l’exploitant via des coopératives, les moyens financiers manquent cruellement pour moderniser les méthodes d’exploitation des gisements, à tel point que les façons de travailler ont très peu évolué depuis l’époque coloniale. Le problème est d’ailleurs commun a toutes les abondantes ressources du pays. Les boliviens et le gouvernement prétendent légitimement à pouvoir bénéficier de la manne économique que représente cette richesse. Toutes les multinationales privées ont été chassées du pays (Evo Morales vient au même titre de nationaliser le réseau électrique). L’idée pourrait s’avérer bénéfique pour la population, mais dans le même temps la Bolivie ne dispose pas des finances pour créer les moyens de production nécessaires. Du coup, les conditions de travail restent très archaïques, et les profits engendrés sont loin d’autoriser des investissements de modernisation et permettent péniblement de nourrir les mineurs et leurs familles.
Malgré cela, les mines ne désemplissent pas, la rudesse du travail étant compensée par des salaires relativement élevés (entre 2000 et 6000 Bolivianos, tandis que la moyenne nationale atteint tout juste les 1200 Bolivianos, soit environ 135 € mensuel). Cependant, certains mineurs ayant flairé un meilleur filon ont décidé de se reconvertir dans le tourisme et de permettre aux « gringos » que nous sommes d’aller voir de nos propres yeux la réalité des mines. C’est ainsi que nous avons pu « visiter » les lieux, dans une atmosphère nettement moins voyeuriste que nous ne craignions, et échanger avec notre guide, ancien mineur, et ses collègues encore en activité qui nous accueillent bien volontiers. Petite précision, leur sourire n’est pas gratuit : d’une part, 15% des bénéfices sont reversés à la coopérative minière ; d’autre part, la première étape de la visite consiste en un tour du marché des mineurs, où nous sommes incités à investir quelques bolivianos dans de la coca, du soda, des cigarettes, de l’alcool ou des bâtons de dynamites pour remercier les mineurs !
Suite à cela, le monde terrible de la mine nous a ouvert ses portes, de manière très brutale, le guide nous emmenant au fond d’un gisement en pleine activité et aucune infrastructure spécifique n’étant prévue pour le tourisme. Bref, une visite dure, flippante par moment (après avoir parcouru plus d’1,5km de galeries et descendus 3 étages, Maud et moi avons préféré attendre le reste du groupe qui est descendu jusqu’au moins 6, à plus de 100m de fond), mais aussi passionnante qui nous a permis d’avoir un aperçu de ce monde particulier, qui mêle enjeux économiques et traditions.
A Potosi, c’est encore près de 10 000 personnes qui s’engouffrent quotidiennement dans les galeries obscures et poussiéreuses du Cerro Rico, travaillant en moyenne 10 heures par jour 6 jours sur 7. De nombreux accidents et maladies sont à déplorer, l’espérance de vie des mineurs ne dépasse pas les 40 ans. C’est d’ailleurs pourquoi de nombreux blocages ont lieu dans le pays en ce moment, les mineurs bénéficiant d’une pension après leurs 60 ans mais revendiquant un droit à une pension anticipée en cas de maladies ou d’invalidité.
Pour les aider dans cette tâche, ils s’appuient sur de nombreux rituels mêlant étroitement superstition, alcool et coca. En voici quelques uns:
Aujourd’hui encore, les mines sont au cœur de la vie de la cité, bien que les gisements soient de plus en plus limités et que les conditions de travail soient extrêmement rudes. En effet, le gouvernement ayant nationalisé cette ressource et l’exploitant via des coopératives, les moyens financiers manquent cruellement pour moderniser les méthodes d’exploitation des gisements, à tel point que les façons de travailler ont très peu évolué depuis l’époque coloniale. Le problème est d’ailleurs commun a toutes les abondantes ressources du pays. Les boliviens et le gouvernement prétendent légitimement à pouvoir bénéficier de la manne économique que représente cette richesse. Toutes les multinationales privées ont été chassées du pays (Evo Morales vient au même titre de nationaliser le réseau électrique). L’idée pourrait s’avérer bénéfique pour la population, mais dans le même temps la Bolivie ne dispose pas des finances pour créer les moyens de production nécessaires. Du coup, les conditions de travail restent très archaïques, et les profits engendrés sont loin d’autoriser des investissements de modernisation et permettent péniblement de nourrir les mineurs et leurs familles.
Malgré cela, les mines ne désemplissent pas, la rudesse du travail étant compensée par des salaires relativement élevés (entre 2000 et 6000 Bolivianos, tandis que la moyenne nationale atteint tout juste les 1200 Bolivianos, soit environ 135 € mensuel). Cependant, certains mineurs ayant flairé un meilleur filon ont décidé de se reconvertir dans le tourisme et de permettre aux « gringos » que nous sommes d’aller voir de nos propres yeux la réalité des mines. C’est ainsi que nous avons pu « visiter » les lieux, dans une atmosphère nettement moins voyeuriste que nous ne craignions, et échanger avec notre guide, ancien mineur, et ses collègues encore en activité qui nous accueillent bien volontiers. Petite précision, leur sourire n’est pas gratuit : d’une part, 15% des bénéfices sont reversés à la coopérative minière ; d’autre part, la première étape de la visite consiste en un tour du marché des mineurs, où nous sommes incités à investir quelques bolivianos dans de la coca, du soda, des cigarettes, de l’alcool ou des bâtons de dynamites pour remercier les mineurs !
Suite à cela, le monde terrible de la mine nous a ouvert ses portes, de manière très brutale, le guide nous emmenant au fond d’un gisement en pleine activité et aucune infrastructure spécifique n’étant prévue pour le tourisme. Bref, une visite dure, flippante par moment (après avoir parcouru plus d’1,5km de galeries et descendus 3 étages, Maud et moi avons préféré attendre le reste du groupe qui est descendu jusqu’au moins 6, à plus de 100m de fond), mais aussi passionnante qui nous a permis d’avoir un aperçu de ce monde particulier, qui mêle enjeux économiques et traditions.
A Potosi, c’est encore près de 10 000 personnes qui s’engouffrent quotidiennement dans les galeries obscures et poussiéreuses du Cerro Rico, travaillant en moyenne 10 heures par jour 6 jours sur 7. De nombreux accidents et maladies sont à déplorer, l’espérance de vie des mineurs ne dépasse pas les 40 ans. C’est d’ailleurs pourquoi de nombreux blocages ont lieu dans le pays en ce moment, les mineurs bénéficiant d’une pension après leurs 60 ans mais revendiquant un droit à une pension anticipée en cas de maladies ou d’invalidité.
Pour les aider dans cette tâche, ils s’appuient sur de nombreux rituels mêlant étroitement superstition, alcool et coca. En voici quelques uns:
- Avant chaque journée de labeur, il est incontournable de boire pour honorer Pachamama, sorte de mère nature incarnée par la montagne. Plus l’alcool est pur, plus le minerai trouvé sera concentré en métaux précieux. Résultat des courses, avant de franchir l’entrée de la mine, toute personne pénétrant les lieux (touriste y compris) se doit de se servir une petite dose de whisky bolivien (alcool de cannes à sucre qui titre à 96°, immonde !), en verser 2 rasades sur le sol pour Pachamama et boire le reste ;
- Chaque année au mois de juillet, des lamas sont égorgés devant les mines en offrande à Pachamama ;
- Les femmes sont interdites de travail dans la mine afin de ne pas rendre Pachamama jalouse. Seules les veuves de mineurs sont autorisées à trier le minerai à la sortie des galeries, afin de leur permettre de conserver des revenus ;
- Au sein de la mine, au fond des galeries, les mineurs honorent quotidiennement « El Tio », une représentation du diable, maître du sous-sol. Afin d’invoquer sa protection au sein de son antre, ils boivent à sa santé (inutile de vous dire que l’alcoolisme fait des ravages au fond des mines) et lui font des offrandes d’alcool, de tabac et de feuilles de coca;
- Tous les mineurs mâchent quotidiennement environ 40g de feuilles de cocas (20g le matin, et 20 l’après midi, à tel point qu’ils en ont souvent les joues déformées), afin de rendre le travail moins pénible et de compenser le fait qu’ils ne se nourrissent pas au sein de la mine, cela portant malchance et l’air libre étant généralement trop long à rallier pour une simple pause repas.
Au-delà de ce côté spirituel,
c’est toute l’organisation des lieux qui nous a été expliquée, les règles de
cohabitation entre les différentes coopératives, les méthodes de travail et la
répartition des tâches, les différents grades des travailleurs (depuis les «
socios », les chefs des coopératives, qui se payent uniquement en fonction des
quantités trouvées jusqu’aux travailleurs de seconde classe qui bénéficient de
maigres salaires fixes), les différents types de minerais, les « règles de
sécurité » mises en place, etc…
Une découverte vraiment
enrichissante, qui nous a permis de palper d’un peu plus prêt la difficulté de
la vie en Bolivie, et qui nous a confirmé encore une fois qu’on était pas si
mal en France !
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