jeudi 22 mars 2012

Sud express


Suite à l’étape prolongée dans le port coloré de Valparaiso et à son dénouement qui nous a permis d’y voir plus clair, il était grand temps de remettre le cap vers le Sud, avec en ligne de mire l’embarquement dans le bateau qui nous déposera en Patagonie. Quelque peu contraints d'hâter le pas, cette descente a du se faire un peu plus rapidement que "prévu". On aurait aimé pouvoir bannir le verbe prévoir de notre vocabulaire pour la durée de ce voyage, mais l’Amérique du Sud et sa façon de se laisser explorer semble nécessiter un peu d’organisation et d’anticipation ; on s’y plie donc allègrement pour pouvoir profiter pleinement.
Du coup, on optimise notre temps, on fait quelques coupes sèches dans les escales, on limite le nombre de stops ; ce qui nous permet de savourer tranquillement la découverte d’un nouvel aspect du Chili, moins citadin et agité, plus verdoyant et paisible.

La transition s’est faite via un trajet en bus de nuit. 12h vautrés dans un fauteuil tout confort incliné à 65° (l’inclinaison maximale du siège détermine le tarif du billet ; là on était en classe mini mais c’était déjà et de loin le bus le plus confort dans lequel on ait voyagé). La nuit défile vite, un peu de lecture, un peu de visionnage de blockbuster américain mal doublé en espagnol, un peu de grignotage de mauvaises gaufrettes qu’on nous distribue régulièrement, et surtout beaucoup de flicage du chauffeur. La vitesse du bus et le temps de conduite cumulé de notre pilote (dont le nom est précisé) sont affichés en temps réel en rouge lumineux avec, à côté, des petits panneaux rappelant la législation du pays (pas plus de 100km/h, pas plus de 5h de conduite consécutives) et précisant les moyens disponibles  pour dénoncer toute entorse commise par notre pilote. Dans notre cas, Señor Gonzalez HERNANDEZ a osé franchir à quelques reprises la vitesse autorisée (montant jusqu’à 104km/h en pointe), mais bon, on est indulgent, ça ira pour cette fois… Cette activité est idéale pour faire passer le temps mais aussi pour trouver le sommeil…

9h30, le bus s’arrête, tout le monde descend. Arrivée dans la région des lacs, pour une escale à Pucon qui se prolongera à Villarrica. Nos yeux sont encore à demi fermés mais inutile d’y voir plus clair pour capter le changement d’ambiance et de décor : des lacs entourés de forêts d’auracanias (grands arbres datant du crétacé et habillés d’un intermédiaire entre la feuille et l’épine), le volcan Villarrica à la cime enneigée qui fume encore (il est même possible à la nuit tombée d’observer le halo orangé de lave en fusion qui bouillonne dans son cratère), des oiseaux exotiques qui ont remplacé les pigeons et le charme apaisé de 2 stations assez touristiques qui se remettent tranquillement de la pleine-saison (qui vient de prendre fin).

L’endroit est un bon terrain de jeu pour aller découvrir la nature chilienne. On commence cela par une tentative d’ascension du volcan, équipés de chaussures à crampons pour la montée et de luge pour la descente ; tentative abortée en raison des conditions météo incertaines. Parmi les autres frustrés du jour, on croise un couple d’expatriés de Santiago bien décidés à s’user les cuisses avec ou sans volcan. Résultat, on part en autonome pour un treck de 7 heures en direction du Mirador d’El Cani. Après une rando bien intense et sous un grand soleil, on approche enfin de l’objectif, censé être le plus beau point de vue de la région sur les volcans environnants, lorsque le soleil décide de se cacher derrière un épais voile nuageux (voir article précédent…). Seconde frustration de la journée, qu’on est allé noyer dans la bière avec nos compagnons de déroute. 

A défaut d’une belle photo, on aura eu une chouette rencontre, un grand bol d’air pur, une petite frayeur (là, une grosse araignée !!!!), un vrai prétexte pour boire une pinte… et de bonnes courbatures, Les jours suivants, en fonction des aléas climatiques, on a alterné entre ballades aux alentours,  excursions en bus locaux, achats de victuailles chez les commerçants traditionnels (qui nous a donné l’occasion d’enfin gouté de la vraie bonne charcut’ d’ici) et  lèche-vitrines dans les artères touristiques à la recherche désespérée d’un sac de substitution pour Maud (que je soupçonne de s’être bien accommodée au fait de tout me laisser porter, ne pas trouver de sacs qui lui plaisent, ça ne lui ressemble pas).



Maintenant, nous reprenons la route pour un dernier stop de 2 jours à Puerto Varas, avant de larguer les amarres à Puerto Montt.

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