lundi 5 mars 2012

Rotorua l’authentique ?


Principale étape de notre visite de l’île du Nord, ça fait maintenant plusieurs jours qu’on rôde autour de Rotorua (« lac du cratère » en maori), ville de 70 000 habitants très étendue géographiquement. Notre lieu d’accueil HelpX se trouve à Rotorua, mais pour autant on est à plus de 20km du centre ville. Encore loin d’en avoir fait le tour, on a déjà pu cependant en gouter les charmes et y déceler une légère pointe d’amertume.

En quelque sorte, Rotorua concentre un peu tous les ingrédients qui constituent l’identité néo-zélandaise : nature, culture maorie et influence coloniale. La ville, dont la population est encore aujourd’hui constituée à moitié de maoris, est un vrai lieu de préservation de cette culture et abrite de nombreux villages traditionnels dans lesquels les coutumes perdurent. Géographiquement, l’ensemble de la région est dotée de paysages magnifiques (il faut que je fasse le compte du nombre de fois où, dans ce blog, ces 2 mots ont été utilisés ensemble à propos de ce pays), constitué de montagnes et de volcans, recouverts de forêts, et au milieu desquels sont venus se nicher de très nombreux lacs. 
De plus, se concentrent ici des zones de forte activité géothermique et volcanique, ce qui se traduit par la présence de sources d’eau chaude, de geysers, de bassins multicolores (notamment verte arsenic) ou encore de gisements de boues bouillonnantes ; visuellement c’est génial, olfactivement légèrement moins, l’odeur d’œuf pourri est omniprésente dans le coin et fait que Maud me jette des regards suspicieux (voire accusateurs) très régulièrement. Enfin, la ville garde de nombreuses traces des premiers temps de l’arrivée des britanniques, entre la présence de bâtiments coloniaux (notamment le musée, ex centre thermal), des églises anglicanes et des vieux sites industriels notamment liés à l’industrie du bois.




Bref, un pur concentré de Nouvelle-Zélande, mais auquel vient s’ajouter un côté un peu superficiel et surfait qu’on n’avait pas eu l’occasion de trop déceler jusqu’ici. Tous ces atouts ont bien sûr fait de la ville une étape touristique incontournable, mais à vouloir trop en jouer, ça peut devenir limite caricatural. La soif d’authenticité des nombreux visiteurs a engendré l’émergence d’un « business de l’indigène et du géothermalisme ». Le centre ville se résume presque à une immense zone commerciale et hôtelière, à se demander où les gens peuvent bien vivre. Des espèces de « maoriland » ont poussé un peu partout, parcs d’attraction situés dans décors en carton-pâte garantis authentiques et où des danseurs tatoués au gros feutre (pas indélébile) servent du haka en veux tu en voilà.
Et le Lady Knox Geyser, autour duquel on a construit des gradins, est déclenché chaque matin à 10h15 pétante par Dave (charmant speaker maori dont les blagues sont bien huilées) en versant un petit sachet de savon en poudre à l’intérieur. L’eau jaillit pendant 20mn, après quoi les bus repartent vers la prochaine attraction. C’est à se demander si notre jolie piscine d’arsenic a cette étrange couleur (le vert dans l’article sur Wai-o-tapu) naturellement, où si on y verse pas 2/3 pots de colorant chaque matin pour lui redonner des couleurs !


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