jeudi 24 novembre 2011

Crimes entre amis


Pour le moment, Phnom Penh est la plus petite capitale que nous ayons traversée ; malgré cela, avec ses 2 millions d’habitants et son agitation typiquement asiatique, il est très difficile de s’imaginer qu’il y a encore 30 ou 35 ans, cette ville fut vidée de la quasi totalité de sa population par le régime khmer rouge qui accédait au pouvoir. En résulte une cité sans grand charme architectural, mais dotée d’une âme accueillante et stimulante (ce qui était nécessaire pour résister à la chaleur assommante !). 

Accompagnés de Mathilde et Aziz (bons compagnons de voyage d’ailleurs, ça mérite d’être signalé, même s'ils poussent un peu à la consommation de bières et semblent obsédés par la vache qui rit…), nous avons sillonné les rues étrangement numérotées de Phnom Penh, crapahutant notamment au travers :
  • des principaux marchés de la ville, avec dégustation de fruits en tout genre, séchage de t-shirts et négociation intensive de sacs à dos de contrefaçons qui, après avoir aboutie au « bon prix », est gentiment déclinée par Aziz ;
  • du  musée national, de son patio photogénique et de sa collection incomparable de Linga (statues phalliques symbolisant la création dans le culte hindouiste) ;
  • du palais royal, ensemble bling-bling de temples bouddhistes, qui, paraît-il, est relativement proche de son homologue Thaïlandais ;
  • du centre de rétention S-21, ancien lycée utilisé par les khmers rouges (sous la direction de Douch) comme véritable usine à tortures, et maintenant reconverti en mémorial du génocide. Cette visite fut assez éprouvante, les actes ayant été perpétrés ici sont présentés de manière très simple, sans détour ni sous-entendu, voire même brutale et le site est resté quasi à l’identique depuis sa fermeture. Au-delà de ça, le plus étrange est la façon dont le récit historique est éclairé : sous la forme d’un drame dont tant les prisonniers du centre que les combattants khmers rouges sont les victimes, tous pris dans une même spirale destructrice répondant initialement aux aspirations du peuple et progressivement détournée par la folie des dirigeants du régime. Cela s’explique probablement par une volonté de réconciliation du peuple cambodgien avec lui-même, les cicatrices étant très fraîches ;

C’est d’ailleurs lors de notre premier jour sur place, lundi dernier, que s’est ouvert à Phnom Penh le procès des 4 plus hauts membres (encore en vie) du gouvernement de Pol Pot. De fait, cette actualité a donné une résonnance toute particulière à notre visite du centre S-21 : du haut de nos 25 et 27 ans, il ne nous était jamais arrivé d’être présents sur les lieux d’une page aussi dure de l’histoire contemporaine dont les protagonistes sont encore en vie et non jugés. 

Bref, heureusement que la Angkor Beer était bon marché (et qu'Aziz conserve son sens de l'humour boiteux en toutes circonstances), ça nous a vite remis de cette visite un peu plombante ! 

1 commentaire:

Mathmath a dit…

Je ne crois pas qu'Aziz suive votre blog aussi assidûment que moi mais je lui ferai un petit renvoi spécial sur le passage concernant son "humour boiteux"!