...ou comment Maud va survivre pendant 9 mois de vadrouille avec pour seul bagage un sac à dos!
samedi 31 mars 2012
vendredi 30 mars 2012
Les glaciers du désert
D’un côté, les fjords, la verdure et l’océan ; de l’autre, la steppe balayée par les vents et la sécheresse. Le passage entre le Chili et l’Argentine a été une vraie rupture, le changement de décor est radical, et assez déroutant.
Sortis de Puerto Natales, les conditions climatiques nous ont incitées à faire une étape intermédiaire avant d’achever notre descente vers le Sud. Quitte à voir le bout du monde sous la pluie, autant profiter du soleil un peu plus au nord tant qu’il est encore là. Direction donc l’Argentine et la ville d’El Calafate, capitale de la région des glaciers. On embarque dans le bus de bon matin, roulons un peu, l’occasion d’apercevoir nos premiers condors planés, somnolons beaucoup puis descendons aux postes frontières successifs (les douaniers argentins furent moins aimables que leurs voisins chiliens, mais il faut dire qu’on les avait perturbé en pleine partie de ping pong, il y a des choses avec lesquelles on ne transige pas !). A cette occasion, nous apercevons Dominique et Annie, rouennaises rencontrées sur le bateau et fraîchement revenues de deux nuit passées dans une bergerie.
Ces retrouvailles finissent de nous réveiller et le soleil est maintenant bien actif, on commence donc à prêter attention au décor qui défile derrière les vitres du bus. Du désert, sec, tous les 10km une immense estancias (en général constituée de bâtiments plutôt luxueux entourés d’immenses terres clôturées), quelques guanacos (cousins du lama) et nandus (cousin de l’émeu) qui détalent au passage du bus, et sinon, rien… Pas d’eau, pas de neige, pas de montagnes, pas d’arbres, et un soleil de plomb… Sans s’être réellement imaginé sur quoi nous allions tomber, on se dirigeait vers le pays des glaciers, ce qu’on voyait était loin, très loin même de ce à quoi nous nous attendions. On pensait trouver les Alpes, on est tombé ans un décor de western. Premier reflex, on vérifie qu’on est dans le bon bus. Contrôle ok, mais c’est quand même très perturbant ça a un côté un peu irréaliste. L’impression subsistera jusqu’à l’arrivée à El Calafate, toujours le même côté désertique, seul le lac nous rassure un peu, mais d’ici à imaginer des glaciers…
Dès le lendemain, accompagnés de nos 2 camarades rouennaises, on file vers le Perito Moreno, 50km plus à l’Ouest, et là, plus de doute, tout se confirme. Les montagnes se dessinent, des lacs apparaissent, une immense langue blanche s’y faufile. On se retrouve rapidement au pied d’une énorme masse de glace, laissant apparaître des reflets bleus changeants. Le Perito Moreno, au-delà de sa taille, se distingue aussi pas le fait qu’il est l’un des rares glaciers à encore avancer (2 mètres par jour !). Du coup, en plus du spectacle visuel, on a le droit au spectacle sonore des craquements réguliers et des pans de glace qui se décrochent et viennent exploser dans le lac, se transformant en icebergs qui dérivent tranquillement. Le genre d’endroit qu’on peut regarder des heures durant, sans bouger, juste à attendre le prochain éboulement ou la nouvelle nuance de bleu qui va apparaître !
Malheureusement, il faut finir par redécoller, un peu frustré parce que persuadé que le gros pic juste devant s’apprêtait à se détacher. Retour dans l’ « autre monde », 1 heure de route et l’impression d’avoir été télétransporté.
mardi 27 mars 2012
La recette Navimag
Prenez le Sud Chili, une bande de terre au relief très montagneux de plus de 1000 kilomètres de long, s’étalant de Puerto Montt à Puerto Natales et totalement dépourvue de route (sauf si on accepte de traverser 2 fois les Andes et de faire le détour par la steppe patagonienne côté argentin).
Y versez un océan, le Pacifique, venu s’engouffrer au milieu des nombreuses vallées glaciaires, créant ainsi de gigantesques fjords.
Incorporez-y un navire cargo, l’Evangelistas, grande coque d’acier colorée, initialement dédié au transport de marchandises, et qui met maintenant à profit son aller-retour hebdomadaire pour embarquer quelques passagers et leur offrir un compromis idéal : suffisamment confortable pour bien dormir, et suffisamment rudimentaire pour préférer passer son temps sur le pont plutôt qu’en cabine (qu’on partageait avec Benou, un gentil allemand qui a du être ravi de se retrouver dans une cabine de 4m² avec un couple !),
Garnissez-le d’une petite cinquantaine de voyageurs (sur une capacité totale de 250), de tous horizons, âges et origines qui ont à cœur de faire des rencontres pour ne pas se taper une traversée en solitaire et de transformer ce long trajet en une jolie aventure humaine.
Ajoutez-y un équipage chaleureux, qui concocte des repas qui tiennent au corps, connait sur le bout des doigts la recette du « pisco sour » et offre chaque jour des activités (films, exposés, animations diverses) centrées sur la découverte de l’environnement traversé ; on y apprend notamment comment le Capitaine Leonidas a volontairement planté son sucrier en plein fjord pour en détourner la marchandise tout en faisant marcher l’assurance ; comment la plaque tectonique sud américaine chevauche la plaque de Nazca sur toute la longueur du Chili, ce qui provoque de très réguliers séismes (encore un de magnitude 7,2 dans la Nord du pays pendant notre "croisière") ; ou encore d’où provient le nom des « canards vapeur », oiseaux dépourvus d’ailes et se déplaçant en pédalant à la manière des grands bateaux à roue du Mississipi ;
Laissez reposer pendant 4 jours et 3 nuits, sans n’avoir quoi que ce soit à penser et sans aucun réseau de communication, avec pour seul stress celui de ne pas être sur le pont au moment où une baleine de Minke décide de faire irruption et de venir « souffler » à proximité du bateau.
Agitez fort pendant 12 heures, le temps de navigation en plein océan nécessaire pour contourner la « Laguna San Raphael », qui a pour effet de réduire sensiblement le nombre de personnes présentes à table le second soir et de perturber la lente descente sur les eaux paisibles des Fjords chiliens.
Faites revenir à température variable, alternant entre le soleil chaud et sa réverbération fourbe, les vents frais qui incitent à superposer les couches et déglacez au pied de l’immense glacier Pio XI et de ses nombreux voisins ;
Enfin, épicez largement avec des moments inoubliables : l’escale à Puerto Eden (107 habitants), l’unique village de la région perché sur une petite île au milieu des fjords ; l’apéritif convivial et improvisé sur la pointe du bateau, au pied de la langue bleue d’un glacier large de 300m qui vient se jeter dans la mer ; le french cancan expressif d’une pédopsychiatre rouennaise retraitée sur les accords d’un grand gaillard russe qui chante à pleine voix ; les nombreux récits de voyage qui ont fait naître en nous des envies d’aller en Norvège, au Nicaragua ou encore en Islande ; la longue observation du ballet des albatros devant la pointe du navire; etc etc...
Servez sans modération et soyez sûr qu’on vous en redemandera !
vendredi 23 mars 2012
Silence radio
Embarquement imminent pour une "croisière" de 4 jours en bateau cargo, pendant ce temps ce sera silence radio. Entre le mal de mer et le mal de l'internet, ça s'annonce dur! On se retrouve à Puerto Natales, un peu plus près encore d'el fin del mundo. Bon vent à vous!
jeudi 22 mars 2012
Sud express
Suite à l’étape prolongée dans le port coloré de Valparaiso et à son dénouement qui nous a permis d’y voir plus clair, il était grand temps de remettre le cap vers le Sud, avec en ligne de mire l’embarquement dans le bateau qui nous déposera en Patagonie. Quelque peu contraints d'hâter le pas, cette descente a du se faire un peu plus rapidement que "prévu". On aurait aimé pouvoir bannir le verbe prévoir de notre vocabulaire pour la durée de ce voyage, mais l’Amérique du Sud et sa façon de se laisser explorer semble nécessiter un peu d’organisation et d’anticipation ; on s’y plie donc allègrement pour pouvoir profiter pleinement.
Du coup, on optimise notre temps, on fait quelques coupes sèches dans les escales, on limite le nombre de stops ; ce qui nous permet de savourer tranquillement la découverte d’un nouvel aspect du Chili, moins citadin et agité, plus verdoyant et paisible.
La transition s’est faite via un trajet en bus de nuit. 12h vautrés dans un fauteuil tout confort incliné à 65° (l’inclinaison maximale du siège détermine le tarif du billet ; là on était en classe mini mais c’était déjà et de loin le bus le plus confort dans lequel on ait voyagé). La nuit défile vite, un peu de lecture, un peu de visionnage de blockbuster américain mal doublé en espagnol, un peu de grignotage de mauvaises gaufrettes qu’on nous distribue régulièrement, et surtout beaucoup de flicage du chauffeur. La vitesse du bus et le temps de conduite cumulé de notre pilote (dont le nom est précisé) sont affichés en temps réel en rouge lumineux avec, à côté, des petits panneaux rappelant la législation du pays (pas plus de 100km/h, pas plus de 5h de conduite consécutives) et précisant les moyens disponibles pour dénoncer toute entorse commise par notre pilote. Dans notre cas, Señor Gonzalez HERNANDEZ a osé franchir à quelques reprises la vitesse autorisée (montant jusqu’à 104km/h en pointe), mais bon, on est indulgent, ça ira pour cette fois… Cette activité est idéale pour faire passer le temps mais aussi pour trouver le sommeil…
9h30, le bus s’arrête, tout le monde descend. Arrivée dans la région des lacs, pour une escale à Pucon qui se prolongera à Villarrica. Nos yeux sont encore à demi fermés mais inutile d’y voir plus clair pour capter le changement d’ambiance et de décor : des lacs entourés de forêts d’auracanias (grands arbres datant du crétacé et habillés d’un intermédiaire entre la feuille et l’épine), le volcan Villarrica à la cime enneigée qui fume encore (il est même possible à la nuit tombée d’observer le halo orangé de lave en fusion qui bouillonne dans son cratère), des oiseaux exotiques qui ont remplacé les pigeons et le charme apaisé de 2 stations assez touristiques qui se remettent tranquillement de la pleine-saison (qui vient de prendre fin).
L’endroit est un bon terrain de jeu pour aller découvrir la nature chilienne. On commence cela par une tentative d’ascension du volcan, équipés de chaussures à crampons pour la montée et de luge pour la descente ; tentative abortée en raison des conditions météo incertaines. Parmi les autres frustrés du jour, on croise un couple d’expatriés de Santiago bien décidés à s’user les cuisses avec ou sans volcan. Résultat, on part en autonome pour un treck de 7 heures en direction du Mirador d’El Cani. Après une rando bien intense et sous un grand soleil, on approche enfin de l’objectif, censé être le plus beau point de vue de la région sur les volcans environnants, lorsque le soleil décide de se cacher derrière un épais voile nuageux (voir article précédent…). Seconde frustration de la journée, qu’on est allé noyer dans la bière avec nos compagnons de déroute.
A défaut d’une belle photo, on aura eu une chouette rencontre, un grand bol d’air pur, une petite frayeur (là, une grosse araignée !!!!), un vrai prétexte pour boire une pinte… et de bonnes courbatures, Les jours suivants, en fonction des aléas climatiques, on a alterné entre ballades aux alentours, excursions en bus locaux, achats de victuailles chez les commerçants traditionnels (qui nous a donné l’occasion d’enfin gouté de la vraie bonne charcut’ d’ici) et lèche-vitrines dans les artères touristiques à la recherche désespérée d’un sac de substitution pour Maud (que je soupçonne de s’être bien accommodée au fait de tout me laisser porter, ne pas trouver de sacs qui lui plaisent, ça ne lui ressemble pas).
Maintenant, nous reprenons la route pour un dernier stop de 2 jours à Puerto Varas, avant de larguer les amarres à Puerto Montt.
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