dimanche 10 juin 2012

Pour quelques soles quotidiens...

Au Pérou comme en Bolivie, le touriste est roi, avec 15 ou 20 euros par jour, il nous est possible de profiter pleinement et de vadrouiller comme bon nous semble, sans excès mais confortablement.

Forcément, une telle facilité économique et matérielle a un prix, les distorsions économiques entre les plus riches (dont les touristes) et les plus pauvres sont vraiment flagrantes; plusieurs mondes semblent cohabiter, comme des sociétés parallèles. Pour exemple, là où les restos touristiques affichent des menus à environ 7/8 euros, il est possible de manger dans des « almuerzos » ou sur les marchés pour moins d’un euro, avec au final quasi la même chose dans l’assiette, mais un décor forcément moins aseptisé. Du coup, il existe une grande partie de la population, vivant de manière plus précaire, qui regorge d’imagination et de courage au quotidien pour s’inventer des petits boulots et récolter quelques précieux soles ou bolivianos.

En voilà quelques exemples, à travers quelques portraits de personnes croisées pendant nos 5 semaines de vadrouille dans ces contrées andines :
  • les vendeuses dans les bus, qui montent à l’entrée de chaque ville traversée, et qui ont quelques malheureuses minutes pour vous vendre ce qu’elles ont, nourriture en tout genre, boissons ou encore brosse à dents et couvertures. Suite à un show minuté parfois digne du téléshopping, elles ressortent en sautant du bus qui ralentit à peine à la sortie du village ;
  • le petit vieux handicapé qu’on vient déposer le matin à côté de l’entrée du marché central de Cusco avec sa cargaison de rouleaux de papier toilettes et d’allumettes, qu’il vend contre quelques piécettes à qui le veut bien, qui ne peut pas bouger lorsque le ciel s’obscurcit mais qui malgré cela est tout sourire et semble garder une joie de vivre incontestable ;
  • la grosse dame du comedor du Mercado central, débout derrière un petit stand avec 3 tabourets bancals et de grandes marmites fumantes. Elle vous y sert un repas complet (soupe de quinoa suivi de lomo saltado, délicieux ! et boisson inclue!) pour 80 centimes d’euros, avec les yeux qui pétillent lorsqu’elle voit 2 gringos s’asseoir devant elle et qui, une fois les premiers mots échangés, fait preuve d'une grande curiosité à propos de la France, probablement pleine d'espoir d'y venir passer des vacances, un jour;
  • la petite fille du marché de Pisaq, 6 ans à peine, toute vêtue en tenue traditionnelle, avec un bébé alpaga coincé sous le bras, qui vient vous proposer de la prendre en photo (dans un anglais impressionnant) contre 1 malheureux sol. Elle le fait sans relâche malgré les hordes de touristes qui au mieux lui offrent un sourire complexé et au pire l’envoie balader sèchement ;
  • la cholita assise au bord du trottoir, humble et fière, qui déballe la maigre récolte de son potager sur son carré de tissu aux couleurs du drapeau des Andes et ne se laisse pas faire quand on essaye de gratter 2 bolivianos sur le prix du kilo de tomates ;
  • les cireurs de chaussures de La Paz, qui, malgré la chaleur de l'après-midi, ont la cagoule sur le visage et la casquette vissée sur la tête afin de ne pas pouvoir être reconnu compte tenu du caractère peu reluisant de ce petit métier, et qui astiquent les mocassins en cuir à des messieurs pressés et encravatés qui lisent « La Razon » en diagonale ;
  • le monsieur aux lunettes rafistolées, assis sur le pallier d’une porte d’une rue piétonne, qui vend ses services et ceux de sa machine à écrire d’au moins 30 ans d’âge pour taper des courriers administratifs à des passants, probablement analphabètes ;
  • l’heureux propriétaire d’un costume intégral de dinosaure rose (genre mauvaise copie de Casimir) qui offre sa capacité à paraître joyeux aux commerçants d’Arequipa afin d’attirer l’œil sur leurs boutiques et de rameuter la foule ;
  • la vieille dame toute voutée, qui fait le tour des bars et restaurants dans lesquels elle ne pourra jamais se payer un repas pour récupérer les bouteilles plastiques vides qu’elle enfouie dans une grande hotte qu’elle traîne péniblement sur son dos.


Bref, un vrai monde qui marche au système D, et qu’il est tout aussi intéressant (à défaut d’être agréable) d’observer que la facette purement touristique de ces pays (jolie facette ceci-dit).

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