lundi 19 décembre 2011

La capitale du consensus


Après une première semaine à avoir fait des sauts de puces le long de la côté Sud-Est du pays, nous avons quitté nos compagnons de route pour rentrer dans les terres et entamer une remontée vers le Nord (ce qui nous permettra d’ici quelques jours de venir crocher 2 joyeux français qui déboulent à Sydney pour un ambitieux road trip).

Le contraste entre le littoral et les terres est assez saisissant. Il suffit d’une petite heure de route pour passer des falaises abruptes, des plages à l’eau turquoise et de la végétation verdoyante à des paysages plus secs alternant des grands plateaux arides et des montagnes boisées assez fraîches et mystérieuses. Le tout est ponctué de petites bourgades dont les décors et l’ambiance paraissent tout droit sortis de vieux westerns : énormes troupeaux de vaches, vestiges d’une ancienne ruée vers l’or, pubs aux façades copiés collés des films de Sergio Léone, carcasses de kangourous sur les bords de route et vieux picks-up qui font office de montures pour les culs-terreux du coin.

Au beau milieu de tout ça se dresse une sorte de champignon urbain, Canberra, la capitale australienne. 5mn avant d’y rentrer, c’est le désert, et idem 5mn après en être ressortie. Entre les 2, une ville moderne, aux allures de grande zone d’activité aseptisée, scindée en 2 par un lac et dans laquelle la nature a été complètement domestiquée. Tout y est propre et entretenu, presque trop, et ses rues manquent franchement d’animation et de caractère (on a été capable de marcher plus de 10mn dans la ville un samedi après-midi sans croiser la moindre personne, de quoi faire rêver les parisiens… !).

Ce côté « sortie de nulle part » s’explique par l’histoire de la ville, celle d’un compromis datant du début du 20ème siècle : ne voulant pas trancher entre Melbourne et Sydney, entre terre et mer et entre culture aborigène et influence coloniale, les dirigeants de l’époque ont décidé de bâtir de toute pièce une nouvelle ville destinée à héberger le pouvoir politique du pays dans un lieu de consensus (le problème avec les consensus, quels qu’ils soient, c’est que ça manque toujours un peu d’âme et de fantaisie !). Du coup, la construction de Canberra a été lancée, sur la base de plans d’architectes partis d’une feuille blanche pour arriver à une ville concept, qui dénote sacrément avec ce qu’on avait vu jusqu’ici du pays. 

Assez paradoxalement, la raison pour laquelle on s’est aventuré jusqu’ici, c’était au contraire pour essayer de comprendre un minimum l’histoire et la culture du pays. Et au final, on n’a pas été déçu. Effectivement, cette ville ne ressemble pas franchement à l’Australie, mais comme pour compenser ça, elle concentre tout ce qu’il se fait de plus représentatif pour donner un sentiment d’unité à la nation australienne. Y siègent donc les principales institutions politiques, économiques, éducatives et culturelles du pays (de telle sorte qu’une majeure partie de la population de la ville est constituée de fonctionnaires).

De notre côté, nous nous sommes principalement attardés sur 3 lieux de la capitale :
  • Le National Museum, grand bâtiment d’architecture moderne abritant des tas d’expositions sur des thèmes très variés et parfois étranges : les ornithorynques, l’art aborigène, les voitures Holden, la construction de l’opéra de Sydney, le surf, les Jeux Olympiques, etc…  Pour faire simple, le visiteur est amené à se faire sa propre idée sur ce qu’est la culture du pays en venant piocher entre toutes ces petites briques. Ça ne donne pas un moule formaté et préconçu, mais j’imagine que chaque australien doit pouvoir s’y retrouver ! Et pour nous, ça nous éclaire un peu sur ce qui compose l’identité du peuple australien ;
  • Le parlement, construction étrange en forme de colline recouverte de gazon et surmonté d’un énorme mat en haut duquel flotte le drapeau du pays; et l’ancien parlement, d’architecture plus classique anglaise et devant lequel siège l’ambassade aborigène, une tente de fortune montée là par contestation et preuve que l’intégration des « first australians » n’est pas aussi simple et réussie qu’on voudrait le faire croire ;
  • Le vieux dépôt de bus, qui héberge un grand marché chaque week-end et qui redonne un peu de vie et d’animation à cette ville qui semble en manquer cruellement, même si ça reste très propret et bon enfant! Mais on peut y déguster librement plein de bonnes choses, et ça, vu les limites de notre cuisine ambulante, c’est loin d’être négligeable !

Pour résumer, on a visité une capitale qui ne ressemble pas franchement à son pays (tout du moins à ce qu’on en a vu jusqu’ici), mais l’avoir visitée nous a permis de mieux le comprendre. C’est pas très cohérent, peut-être, mais avoir choisi Canberra comme capitale ne l’est pas non plus alors bon !

3 commentaires:

Herve a dit…

Mince alors, plus de nouvelles depuis le 19 et nous sommes le 22 !

Que se passe-t-il, ne seriez vous pas partis dans le Bush ?
Ah, au fait, vous avez lu "Cul de sac" de D. Kennedy ?
... si non, ne le lisez qu'après.

Eh, pour le 24 au soir nous attendons tous une photo de Simon déguisé en père Noel, ce sera notre petit cadeau à nous !

Continuez de nous envoyer de belles photos et profitez a fond.
Biz.

Hélène Le Havre a dit…

Super de pouvoir vous suivre ainsi régulièrement depuis votre départ.
Bonnes fêtes de Noël d'un bout à l'autre du monde. Bisous.

CL et BD a dit…

Superbe vous nous faites découvrir de magnifiques pays et nous sommes a vos cotés.Joyeux NOEL.Bisous.CL.BD.